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Quel avenir pour les EHPAD ?
L’EHPAD (ou Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) s’est imposé en France depuis le début des années 2000 comme l’institution la plus viable et répandue pour les personnes âgées ayant perdu leur autonomie et étant en besoin de soins. Une partie non négligeable de la population peut donc profiter de ces maisons de retraite médicalisées où services et assistances sont promulguées quotidiennement. Qu’ils soient publics ou privés, ces établissements pullulent désormais sur le territoire français, preuve indéniable qu’ils sont parvenus à répondre à un besoin essentiel. Ce n’est donc pas un hasard si le marché des logements en EHPAD est particulièrement prisé dans le cadre du régime fiscal du LMNP (ou Loueur Meublé Non Professionnel). Investir dans une chambre meublée d’un centre que l’on peut juger comme haut de gamme, au vu des grilles tarifaires dans ce secteur, assure des rendements locatifs intéressants ainsi qu’une possibilité de cumul d’avantages conséquents.
Pourtant, tout n’est pas rose au royaume des personnes âgées médicalisées. Depuis quelques années, les controverses en tous genres se succèdent, fragilisant des gestionnaires devenus experts dans le secteur privé. En plus, la situation économique française, intimement liée à la guerre en Ukraine et la crise énergétique qu’elle engendre, ne fait que précariser encore davantage un modèle qui commence à sérieusement interroger. Il faut alors tenter de comprendre en quoi les problèmes rencontrés ici expliquent la situation difficile des EHPAD, et comment parvenir à les contourner a de fortes chances d’être payant dans un avenir proche.
Cette question d’avenir concernant les maisons de retraite médicalisées est cruciale. Au-delà des enjeux évidents de santé publique, il ne faut pas oublier que les chambres en résidences sont des produits d’investissement considérables pour un grand nombre de particuliers, notamment dans le secteur du LMNP. En effet, en possédant un bien dans ce type de résidence, le particulier est contractuellement et commercialement lié à l’exploitant par le biais d’un bail commercial. Investir en LMNP dans une résidence EHPAD est un placement judicieux car en plus d’être un secteur à fort potentiel, les taux de rentabilité sont souvent intéressants (entre 3,5 et 6% en moyenne, sans prendre en compte les avantages fiscaux). La durée du bail de 9 ans en fait un investissement stable et il est possible d’accorder le statut LMNP avec la défiscalisation associée à la loi censi bouvard. Ainsi, les particuliers bénéficient d’un abattement sur les charges locatives, d’une réduction d’impôt répartie sur 9 ans ainsi que de la récupération de la TVA (à condition qu’un certain nombre de prestations de services soient bien prodiguées au sein de la résidence).
1 . Un état des lieux inquiétant à l’aube de 2023
Bien souvent placés sur un piédestal, ainsi que réputés comme des modèles à la renommée européenne (voire mondiale), les EHPAD français sont dans la tourmente sur un certain nombre de points majeurs depuis quelques années.
Premièrement, le manque de personnel est une difficulté particulièrement insidieuse car elle génère dans son sillage de nouveaux moyens pour décrédibiliser le modèle actuel de l’EHPAD. Les raisons de cette perte de main d’œuvre sont diverses :
- La population française a tendance à dangereusement vieillir en ce début de décennie. Plus de 15 millions de personnes âgées sont dénombrées actuellement, soit plus de 10% de la population française. Parmi elles, 2,5 millions de personnes sont considérées comme dépendantes et ce chiffre est destiné à fortement augmenter si l’on en croit les experts. Ainsi, près de 4 millions de nos aînés en besoin d’aide quotidienne pourraient chercher un logement adapté à l’horizon 2050. Des chiffres à contretemps de la natalité nationale qui diminue d’année en année. La demande, depuis toujours excédentaire à l’offre dans ce secteur, ne cesse de s’amplifier et plus assez de personnels compétents peuvent s’acquitter de leurs missions sereinement.
- En parallèle, les nombreux corps de métier qui composent le personnel d’un EHPAD (médecins, infirmiers, accompagnateurs, animateurs, ...) ne séduisent pas assez les nouvelles générations. Tout particulièrement les aides-soignants, considérés comme pratiquant le métier le plus important au sein d’un EHPAD grâce à leur polyvalence, souffrent de ce manque d’attractivité qui conduit à devoir toujours plus limiter leur nombre dans les différents étages de nos maisons de retraite médicalisées.
Parmi les autres problèmes qui jalonnent la liste des malheurs de nos EHPAD actuellement (comme les difficultés de financement à cause du manque de coordination entre Agences régionales de santé, ou ARS, et conseils départementaux), la récente crise énergétique qui frappe l’Europe, en conséquence au conflit armé en Ukraine, fait exploser les prix des denrées alimentaires et des coûts d’énergie dans de nombreux secteurs de la société et celui-ci n’y fait pas exception. Ainsi, il n’est pas rare que tous les postes de dépenses au sein d’un établissement connaissent une hausse de 6 à 8%. En bref l’inflation vient s’ajouter aux hausses de loyers, aux diminutions de coûts de fonctionnement.
2. Les risques du quantitatif au détriment du qualitatif
Cependant, face à toutes ces difficultés, s’accompagne un choix de privilégier le quantitatif au qualitatif dans la conception des EHPAD, ce qui au final n’a fait qu’empirer la crise plutôt que la résorber. Parmi les limites que rencontre l’EHPAD dans sa conception actuelle (hormis l’image péjorative du dernier lieu d’existence avant la mort), deux principales sont directement liées à une vision quantitative de leur aménagement :
- Un aspect déshumanisé rendu possible par la standardisation à grande échelle est souvent perçu au sein de ces établissements toujours plus grands. Afin d’offrir un maximum de lits, les EHPAD sont toujours plus grands. La contrepartie de cette volonté d’accueil à outrance est l’inadaptabilité aux maux des personnes qui y sont médicalisées.
- Dans un souci de polyvalence, chaque rouage de la machine est centralisé et mutualisé. De grandes pièces où l’on diversifie les usages, et plus facilement reproductible sur plusieurs sites ont surtout conduit à l’infection des pensionnaires lors d’épidémies hivernales et de la pandémie de covid, en plus de perdre en identité.
En mettant de côté ces faits, la standardisation du modèle d’EHPAD tel qu’on le connaît peut se comprendre. Comme évoqué précédemment, le nombre de personnes qui souhaitent (ou bien qui doivent) y vivre ne cesse d’augmenter. Un véritable casse-tête pour les gestionnaires de ces établissements qui ne peuvent proposer actuellement qu’un nombre presque dérisoire de places en réponse à cette demande. En plus, un modèle peu diversifié dans son offre d’hébergements, et centralisé, offre les garanties d’un financement plus sécurisé.
Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, force est de constater que la priorité de proposer un maximum de places n’apaise en rien les chiffres grandissants de la demande (environ 600 000 lits en fin d’année 2020), tout en créant parfois un réel mal-être chez les personnes accueillies. Créer plus de places, tout en diminuant son personnel, amène à des prises en charge largement insuffisantes quant aux besoins variés des personnes âgées qui y séjournent.
3. Quelles réponses apporter ?
Le problème est clairement identifié, et peu importe sa cause initiale, il concerne la précarisation des personnes âgées qui, en plus de débourser des sommes conséquentes pour payer leur loyer, ne reçoivent pas une attention médicale dédiée suffisante, pour reprendre les controverses qui ont frappé de stupeur le secteur de l’EHPAD ces dernières années, et tout particulièrement le secteur privé.
Il est clair que se réinventer est la solution la plus évidente face à ces contraintes qui frappent durement les EHPAD. Il faut refaire passer l’humain au centre des attentions, repenser ces maisons de retraite médicalisées comme des lieux de vie, en ouvrant de nouveaux centres, en s’insérant davantage dans les milieux locaux et en approfondissant les contacts sociaux. Pour y parvenir, il est possible que les clefs soient entre les mains des acteurs privés, pourtant parfois décriés de privilégier leurs propres profits face à l’instabilité qui règne dans le secteur.
En effet, il est important de préciser que ces gestionnaires, malgré leur rayon d’action bien souvent plus élevé que les acteurs publics, reçoivent en moyenne des dotations inférieures que leurs comparses. De plus, malgré les scandales passés, ils ne concentrent pas la majorité des plaintes enregistrées pour mauvais traitement en EHPAD ; environ un quart des plaintes pour un quart des établissements opérants en France. Ceci explique probablement pourquoi les ventes en LMNP de biens se portent particulièrement bien dans le secteur des EHPAD ; une certaine confiance se maintient dans le temps et traduit un marché toujours très attractif.
S’ils veulent s’inscrire durablement dans la continuité du modèle initial qui a su séduire des millions de personnes, jusqu’au-delà des frontières, plusieurs études sont menées afin de trouver des solutions viables. Par exemple, l’incitation à développer plusieurs activités associées à plusieurs degrés de prise en charge, assumer plusieurs formes d’hébergement intermédiaires comme les services de soins à domicile ou encore réfléchir aux résidences autonomie (anciennement foyers-logements), destinées aux personnes ne pouvant plus vivre chez elle sans nécessiter obligatoirement une entrée en EHPAD, sont autant de pistes à étudier pour s’assurer une certaine légitimité. Bien entendu, cela suppose des financements variés, et des efforts conséquents mais il est certain que le secteur privé peut y parvenir. Après tout, s’ils ont pu proposer des sites avec vue imprenable sur la côte, des piscines ou encore des salons de coiffure au sein des EHPAD, revenir à une qualité relationnelle et médicale irréprochable paraît réalisable.
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Heureusement, la diversité d’hébergements est déjà une réalité dans la mesure où de nombreux gestionnaires d’EHPAD se partagent les milliers de places disponibles.
Une liste exhaustive se trouve ici : Liste des gestionnaires de résidences de services
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